Chirurgie dents de sagesse

Définitions:

– Les dents de sagesses sont les troisièmes molaires.
– Avulsion : terme médical pour extraction notamment lorsque cet acte concerne les dents.

 

Radio dents de sagessesIllustration 1: radio panoramique dentaire. Les dents de sagesses sont repérées par des X

L’avulsion des dents de sagesse n’est pas systématique en revanche elle est nécessaire dans un certain nombre de circonstances:

– Lorsque l’arcade dentaire n’est pas assez grande et que les dents de sagesses peuvent perturber le bon alignement des autres dents chez l’enfant ou l’adolescent (l’indication est souvent portée par l’orthodontiste).

Molaire dent de sagesseIllustration 2: dent de sagesse exerçant une contrainte sur la 2ème molaire

– Lorsque leur positionnement inadéquat rend leur brossage difficile. Un brossage difficile peut entraîner des inflammations, des caries voire même des abcès. Comme elles sont placées au fond de l’arcade dentaire les soins conservateurs usuels sont difficiles et souvent impossibles à réaliser.

Inflammation des dents de sagessesIllustration 3: carie sous gingivale de la dent de sagesse avec inflammation gingivale sus-jacente

 

– Lorsque la joue ou la gencive s’interpose entre la dent de sagesse du haut et celle du bas. Cela occasionne des morsures itératives, sources de douleurs et de plaies muqueuses.

Gencives dent de sagessesIllustration 4: interposition gingivale entre les dents de sagesses

– Lorsque leur croissance dans un axe anormal menace la deuxième molaire.

Racine de dent de sagesses Illustration 5: atteinte d’une racine de la 2ème molaire par la dent de sagesse

– Lorsque la dent de sagesse se trouve sans dent antagoniste (surtout pour les dents de sagesse du haut). Avec le temps, la dent peut se déplacer et devenir gênante pour la mastication ou pour une réhabilitation prothétique.

Déroulement de l’intervention

Cet acte peut être réalisé sous anesthésie locale ou générale, cela dépend du choix du patient et de la configuration des dents de sagesses. La muqueuse est incisée et décollée si elle recouvre la dent. L’avulsion nécessite souvent la réalisation d’un fraisage de l’os. Selon les cas, la fermeture se fait à l’aide de fils qui disparaissent en 2 à 4 semaines ou sont ôtés en consultation.

Suites opératoires habituelles et soins post opératoires

Le gonflement des joues (œdème) est fréquent et parfois important.
Les saignements : Il est fréquent qu’un petit saignement persiste pendant quelques heures à une nuit suivant l’intervention. Le traitement consiste à effectuer des bains de bouche à l’eau glacée et appliquer une compresse sur la zone de l’extraction qui saigne et mordre sur celle-ci tant que le saignement ne s’est pas arrêté.
Une excellente hygiène buccale est essentielle. Les bains de bouche prescrits ne doivent être  débutés qu’après 24 heures afin de ne pas déloger le caillot de sang. Celui-ci protège l’alvéole de la dent laissée libre par l’avulsion de celle-ci. Après chaque repas, les dents et les gencives devront être nettoyées avec une brosse ultra-souple (dite chirurgicale).

La douleur au niveau des zones opérées est plus fréquente en bas qu’en haut. Elle cède souvent avec des antalgiques et disparaît en quelques jours. Des vessies de glace enrobées dans un linge (pas directement sur la peau) diminuent le gonflement et la douleur.
Qui plus est au cours de l’intervention un anesthésique local de longue durée d’action est souvent injecté au niveau des sites opéré. Il permet de diminuer les douleurs post opératoire pendant 4 à 8 heures et laisse le temps aux antalgiques usuels de prendre le relais.
Cet anesthésique local peut diffuser et anesthésier la langue et la lèvre inférieure, cela ne vaut pas dire que les nerfs sont lésés mais simplement que le produit fait bien son effet.

Une limitation de l’ouverture buccale est fréquente pendant quelques jours.

L’alimentation ne doit pas être dure pendant les 2 semaines suivant l’intervention. Plus précisément : pendant les 2 premiers jours, l’alimentation doit être molle, tiède ou froide. Puis pendant les 12 jours suivants Il faut éviter les aliments très salée ou très acide. Éviter également les aliments blessants : biscottes, pain grillé, chips…Éviter aussi les aliments très petits qui pourraient s’immiscer entre les points et créer des infections : semoule, cacahuètes, riz, petits pois…

Ξ Voir la rubrique conseils des idées de recettes pouvant vous convenir après ce type de chirurgie.

Les ordonnances post opératoires vous seront données la plupart du temps avant l’intervention. Cela vous permettra d’aller chercher les médicaments post opératoires avant la chirurgie.
Suivre strictement les prescriptions médicales sur l’ordonnance qui vous est donnée.
Ne pas conduire le jour de l’intervention ou prendre de décisions importantes en raison de l’anesthésie.

Être accompagné pour la sortie et la première nuit après l’intervention.
Le plus souvent, il est souhaitable de prévoir après l’intervention 2 à 5 jours d’arrêt de travail ou de dispense scolaire.
L’alcool et le tabac sont à proscrire avant et après l’intervention. l’alcool est incompatible avec la plupart des médicaments contre la douleurs. Le tabac diminue la cicatrisation, augmente la douleur post opératoire et augmente le risque infectieux.
Un suivi post opératoire en consultation est indispensable, il permet de s’assurer de la bonne évolution des suites opératoires.

Les risques

Tout acte médical, même bien conduit, recèle un risque de complications. Il ne faut pas hésiter à prendre contact avec l’équipe chirurgicale qui vous a pris en charge, ou les urgences de la clinique ou contactez le 15 en cas d’urgence grave.

Il peut s’agir de complications rares :

– Une alvéolite : inflammation de l’alvéole dentaire qui survient de quelques jours à 3 semaines après l’avulsion. Elle peut entraîner des douleurs importantes et nécessiter des soins locaux.

– Une diminution ou une modification de la sensibilité de la lèvre inférieure ou plus rarement de la langue car les nerfs cheminent à proximité de la dent et peuvent être irrités. Ce trouble de la sensibilité est temporaire (quelques jours à quelques semaines), mais dans certains cas, la récupération peut être très longue (1 à 2 ans). Ce trouble est très exceptionnellement permanent.

– Une infection des tissus mous de la joue (cellulite) peut survenir quelques jours voire 2 à 3 semaines après l’extraction. Elle est consécutive à la stagnations de résidus alimentaires dans l’alvéole de la dent de sagesse. Elle cède par un traitement antibiotique adapté, exceptionnellement il peut être nécessaire de procéder à une intervention chirurgicale pour drainer une abcès si la cellulite se complique.

– Une communication entre le sinus maxillaire et la bouche pour les dents supérieures, qui se ferme spontanément en 15 jours à 3 semaines et nécessite une absence de mouchage pendant cette période. Une persistance au-delà justifie un traitement chirurgical adapté.

Ou de complications exceptionnelles :

– L’expulsion de la dent de sagesse supérieure en haut dans le sinus maxillaire ou en arrière de celui-ci est très rare mais peut justifier une nouvelle intervention chirurgicale pour la récupérer.

– Une fracture de l’angle de la mâchoire qui peut nécessiter de manger des aliments mou pendant quelques semaines  ou d’opérer en mettant des plaques et des vis.

– Une racine de la dent de sagesse peut casser et rester dans l’alvéole lors de l’avulsion. Si le risque d’aller la chercher (lésion nerveuse ou communication bucco-sinusienne) est important il peut être décidé de la laisser en place malgré le risque infectieux (faible) que cela représente.

Au total, il ne faut pas surévaluer les risques, mais simplement prendre conscience qu’une intervention chirurgicale, même apparemment simple, comporte toujours une petite part d’aléas.

Il est très important d’apporter le jour de l’intervention  toutes l’imagerie médicale : panoramique dentaire et le scanner (s’il en avait été prescrit un). Sans ces éléments l’intervention ne pourra pas être réalisée